En passant #2
Si les mathèmes des quatre discours (lien social) rebutent, c'est parce qu'ils déçoivent. Ils ne tiennent aucune promesse. Et pour cause. Ils montrent qu'aucune n'est tenable. Ils ne sont qu'une tentative car ils ne peuvent être qu'une tentative. Ils tentent de dire ce qu'impose la structure, ce réseau de relations qui nous gouverne alors que nous ne le percevons pas, bien que nous en soyons les rejetons. Cette tentative, pourtant portée au point de formalisation le plus dépouillé, le plus symbolisé possible, ne peut que tourner autour du pot, s'en approcher sans jamais pouvoir le saisir. La boucle ne se ferme pas. Elle rencontre un impossible, marque du réel. Il se manifeste par exemple dans l'impossibilté de dire sa propre parole, de dire sa propre jouissance. Il y aura toujours un reste, non pas un reste à dire, mais un reste inassimilable bien que décisif. Ainsi de la vérité dans chaque discours. Ainsi de la vérité de la structure elle-même. Elle ne pourra pas se dire toute. Elle approche au plus près du réel, tente de se dire sans pouvoir se confondre avec lui. Car le réel se caractérisant notamment d'un impossible à dire, s'y confondre, c'est y abolir notre possibilite de dire. La vérité alors s'y dissout dans une communion létale.
Comme le Discours de l'Analyste qui la produit, la formalisation des discours (mathème) est moebienne : elle essaie de dire le réel dont elle est déjà affligée et dont elle sait être déjà la conséquence. C'est en cela que la structure est elle-même réelle. Agissante bien qu'imperceptible, repérable à ses conséquences pour le sujet. C'est ce qui la distingue des productions structuralistes, dont Lévi-Straus rappelait qu'elles valaient pour les sociétés "sans histoire".
Ainsi la psychanalyse "n'opère-t-elle que du discours dont elle s'ordonne", qui est la structure appelée Discours de l'Analyste. Clinique du discours (lien social), elle est elle-même un discours (lien social). Non sans impossible. Non sans réel.
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